Petite histoire des Apaches

C’est dans un de ses célèbres romans feuilletons qu’ Alexandre Dumas fils avait, le premier, créé un lien imaginaire entre les bandes de mauvais garçons des faubourgs de Paris et les tribus sauvages des plaines d’Amérique du Nord.

Dans la réalité, il existe dans le Paris de la Belle Epoque une multitude de bandes criminelles organisées et cloisonnées qui alimentent le mythe de l’omniprésence des prétendus Apaches. Ils adoptent des noms de guerre pittoresque censés susciter l’effroi et le respect du bourgeois : la Bande des Grains de Beauté de St-Ouen, les Tatoués d’Ivry… Rien de bien original pour l’époque, mais ce gang se démarque des autres bandits par leur accoutrement et leurs mœurs libérés, qui choquent les mentalités.

Un Apache type, à gauche

Un Apache type, à gauche

Le style vestimentaire ainsi que la codification très précise des signes distinctifs de l’apache vont permettre de fixer la représentation des mauvais garçons dans la mythologie du Paris canaille pour les décennies à venir.

Ces messieurs portent généralement la casquette à trois ponts avec un foulard, la veste entr’ouverte laissant voir une chemise frippée, et un ‘bénouze’  (pantalon patte d’eph’) et enfin, détail plus qu’important à leurs yeux: les chaussures, ultra-brillantes, signe distinctif pour épater la galerie.

Et puis, chose frappante pour l’époque, ces jeunes gens ne sont pas que des hommes, et la gente féminine prend part aux méfaits attribués au gang. Ces femmes choquent la population, par leurs attitudes libérées et affichées.  Elles arpentent le trottoir arborent des jupes longues recouvertes de tabliers de couleurs, des blouses criardes et un ruban de velours autour du cou et surtout pas de chapeau, puisque leur statut de « femme en cheveu » renseigne le client sur leur condition de prostituée.

Manda - Leca et Casque d'Or

Manda – Leca et Casque d’Or

Ce rôle actif des femmes dans l’organisation criminelle de la bande fait d’ailleurs la Une des journaux, à l’instar de Casque d’Or, Amélie Elie de son vrai nom. En 1902, Casque d’Or est une prostituée, dont le surnom fait écho à la lutte que se livrent 2 chefs de bande, Leca et Manda, afin d’obtenir ses faveurs. Casque d’Or fut par la suite immortalisée par Simone Signoret dans le film éponyme de Jacques Becker, sorti en 1952.

L’apache disparaît aux abords de la guerre 14-18 suscitant un grand élan de nostalgie jusqu’à la fin des années 30. Il est remplacé à partir des années 20 par le gangster, taillé sur le modèle américain ; plus efficace et moins folklorique.

Share Button

Laisser un commentaire